Situé au nord de l’océan Indien, l’archipel des Chagos est au cœur d’un conflit territorial entre l’île Maurice et les Maldives. Une situation complexe et un enjeu de taille puisqu’il impacte directement le contrôle militaire de cette zone stratégique par les grandes puissances. Les deux souverainetés exposent ainsi fin octobre leurs arguments devant la Cour du Tribunal International du Droit de la mer (ITLOS) pour défendre leurs intérêts et leurs territoires maritimes. Retour sur cet imbroglio juridique et les différents protagonistes concernés.
Un différend autour des Chagos et de nombreuses implications
Les audiences publiques visant à statuer sur ce litige de plusieurs années ont débuté ce lundi 24 octobre au Tribunal International du droit de la mer à Hambourg, en Allemagne. Afin de comprendre pleinement la situation de l’Archipel des Chagos, il faut néanmoins revenir en 2010, à l’origine du différend qui oppose toujours aujourd’hui l’île Maurice aux Maldives sur la délimitation de leurs frontières maritimes, ainsi que sur des droits de pêche importants.
Cette année-là, le Royaume-Uni, qui administre l’archipel en tant que Territoire britannique de l’océan Indien (BIOT), déclarait qu’une partie importante de la région était une zone maritime protégée. Un espace préservé qui pourrait profiter au tourisme mauricien et, par conséquent, à son économie. Toutefois, les Maldives estiment pouvoir revendiquer la propriété de la partie nord des Chagos en raison de sa proximité territoriale, et que l’étendue maritime concernée dépend uniquement du BIOT. La Chambre spéciale du Tribunal International du droit de la mer avait alors exclu le Royaume-Uni des parties prenantes de ce litige.
Des mesures et une expédition contestées par les Maldives
En vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982, les pays disposant d’une frontière maritime possèdent le contrôle des eaux jusqu’à 203 miles nautiques à partir de leurs côtes. Une loi internationale rigoureuse qui a d’ailleurs permis aux Nations Unies d’appuyer la requête de l’île Maurice. Conscient de cette réglementation maritime, les Maldives contestent néanmoins les points de mesure retenus par Port-Louis.
En effet, le litige se cristallise autour du récif de Blenheim qui longe la côte nord de l’archipel des Chagos. Bien que celui-ci apparaisse distinctement sur la carte n°727 de l’Amirauté Britannique, les Maldives demandent à exclure cette zone des discussions à cause de son étendue sous-marine, et à privilégier le point de référence de l’atoll d’Addu des Chagos. En conséquence, Maurice n’obtiendrait alors que 1% de la zone contestée, contre 50,7% avec une mesure depuis le récif immergé de Blenheim.
En février dernier, une expédition scientifique sur le yacht “Bleu de Nîmes” a ainsi été lancée afin de définir les réelles caractéristiques de ce site. Si les données géodésiques collectées semblent invalider la perception des Maldives, les résultats ont été versés au dossier du Tribunal International du droit de la mer et pourront être constatés et discutés lors de la procédure verbale engagée. Un élément qui pourrait apporter un statut légitime à la situation et conclure un litige d’une décennie entre les Maldives et Maurice.